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f. 1 r°
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f. 8 v°
f. 11 v°
f. 14 r°
De la vision aduenueadvenue aà l’ame de l’esclaueesclave fortunefortuné separeeseparée du corps et porteeportée aux champs EliseesElisées. AÀ reuerẽdreverend pere en dieu messire IacquesJacques d’amboyseAmboyse ArcheuesqueArchevesque de Rouen.
DEdansDedans Paris ouoù l’air est tresplaisant
Le mien seioursejour et demeure faisant
En quelque lieu ouoù ieje faisoys estude
De grand ennuy : et de solicitude
f. 1 v°
5Soubdainement en moy triste suruintsurvint
VneUne douleur ne scaysçay dont elle vint
Mais tant y a (ainsi qu’en court la fame)
D’ung iourjour entier mõmon corps fut priueprivé d’ame.
Durant ce temps que le corps en extase
10Estoit gisant tout seul dedans ma caze
DeuersDevers la mienne assez fort esperdue
LegieremẽtLegierement vneune ame s’est rendue
Pour la guyder au lieu ouoù destineedestinée
L’auoitavoit ce iourjour entier predestineepredestinée,
15Et pour autant que mon corps ne pouoitpovoit
Se trouuertrouver lalà :, aulcunement l’auoitavoit
PriuePrivé d’esprit :, aussi que corps mortelz
Ne peussent veoir les diuinsdivins immortelz
Qui sont espritz :, et les espritz oyouy bien
20(De difference entre eulx a peu/, ou rien)
Qui ont laisselaissé leur habit de nature
Pour deuenirdevenir en terre pourriture,
Qui fut la cause :, et raison pour laquelle
OsteOsté me fut de sorte ne scaysçay quelle
25L’esprit du corps. lequelLequel comme ieje ditz
Fut par vngung autre esès champs de paradis
Conduyt/, et mis : ; en ces champs lalà ij’entens
OuOù dix mille ans ne sont vngung riẽrien de temps,
OuOù le plaisir iamaisjamais ne diminue.
f. 2 r°
30Ce sont les champs ouoù l’herbette menue
Sont tous rubis/, perles/,et dyamans,
OuOù tous esperitz se vont si fort aymans
Et concordans par telle charitecharité
Qu’on n’y peult veoir sinon felicitefelicité
35Qui lalà partout a ses armes pousespousées,
Ce sont les champs qu’on appelle EliseesElisées
OuOù font les dieux pour iamaisjamais demourãcedemourance
OuOù vie vit, dont mort a desplaisance
Qui n’y va point car elle en est bannye,
40OuOù sans cesser se faict telle armonye
De luctz/, d’auboys/, de fleutes/, et de cors
Qu’en escoutant si tresparfaitz accors
Cinq cẽscens mille ans ne durẽtdurent point vneune heure.
Que fault il plus ? enEn si belle demeure
45Si tresfelice/, et si tresfort heureuse
Eut mon esprit reception ioyeusejoyeuse
Et bon recueil de dix millions d’ames
DõtDont les corps sõtsont maintenãtmaintenant soubz les lames,
Et mesmement des espritzesperitz francoysfrançoys
50Qui me cryoient ainsi que ieje passoys :
« Bien venu soit en ce lieu sans souffrance
L’esprit qui vient nouuellementnouvellement de franceFrance ! »
En ce criment ainsi que ieje passoye
Par cy/, par lalà mon oeilœil ieje compassoye
f. 2 v°
55Pour regarder si nulz ij’en congnoisstroys.
Incontinent ij’en voys congnoistre troys
Ausquelz chascun faisoit honneur et place.
Ces troys estoyent descendus de la rasse
Ambosienne. Et le premier eut nom
60Georges qui eut sur terre le renom
Par bien seruirservir son prince/, et son seigneur
D’auoiravoir esteesté sans cesse gouuerneurgouverneur
De tout son bien :, et de tout son royaulme.
Cestuy pour vray ne porta oncq heaulme
65Lance/, n’escu pour combatre sur terre,
Son cas n’estoit de se trouuertrouver en guerre
Fors pour conseil saige/, et prudent donner,
En quoy pour vray il scauoitsçavoit ordonner
Ce qu’il estoit besoin aà chascun faire
70Tant fust haultain de scauoirsçavoir et d’affaire,
Et nonobstant (ieje diray ce montmot rond)
Qu’il fust de ceulx qui portent bonnet rond.
Si esse au vray qu’il au compte final
Fut extimeextimé autant que cardinal
75Qui fut iamaisjamais : c’est vngung mot qui fort poyse.
Helas ce fut le bon legat Dd’amboyseAmboyse
Duquel l’esperit ieje congneuz en ces plains
Eliseans :, de felicitefelicité plains
Et qui marchoit (ieje ditz) en deuisantdevisant
f. 3 r°
80AuecquesAvecques vngung :, qui fut si tresduysant
Aux Millanoys :. onOn l’a bien peu congnoistre,
En franceFrance fut admiral/, et grant maistre.,
Et gouerneurgoverneur du pays Dd’italyeItalye
Paisible autant que homme qui l’estat lye.
85Cestuy estoit Charles vngung sien nepueunepveu,
Des plus gentilz qu’oncques on aye veu,
Duquel le nom fleurist/, et fleurira
Tant que le pauPau dedans la mer yra
Ou que feront astres decorement
90AÀ l’olimpicque/, et stable firmament.
Le tiers ce fut son filz georgesGeorges d’amboyseAmboyse
Qui eut iadisjadis la faconfaçon plus courtoyse
Que le romain Cesar cognommecognommé IulleJulle.
IeuneJeune mourut :, nonobstant il baiullebajulle
95Et porte bruyt d’ung homme courageux
Qui aà PauyePavye en conflict oultrageux
Mortellement eut la chair decouppeedecouppée
Au sang d’espaigneEspaigne :, arrousant son espeeespée.
Incontinent que cestuy recongneuz
100CouuersCouvers de pleurs mes yeulx sont deuenuzdevenuz
De grand plaisir que ij’auoysavoys de le veoir.
« Las mõseigneurmonseigneur (ditz ieje lors) quel deuoirdevoir
Pourray ieje faire enuersenvers toy maintenant ?
De te t’honnorer ieje ne suis soustenant,
f. 3 v°
105De force assez mon pouoirpovoir est petit,
Si esse bien que ij’ay bon appetit
De te louer comme ie j’y suis tenu.
Considere que m’as entretenu
ViuantVivant au monde ainsi que ton filz propre,
110BraueBrave vestu de velours ou de propre.
Mais mon louer que te prouffiteroit ?
Veu qu’aussi bien on ne l’extimeroit
Tant que l’on faict tes vertus honnoreeshonnorées,
Beaucoup de plus d’elles sont decoreesdecorées
115Que ne pourroys : ; quoy moy ? mais biẽbien Virgile
Ne les scauroitsçauroit plus priser de son stille.
Ha monseigneur ieje te requiers de grace
Que ieje ne parte auantavant que ieje t’embrasse,
Faitz moy ce bien/, cest honneur/, et plaisir
120Que maintenant puis que ij’ay le loysir
De t’acoller :, que qu’humblement ieje t’acolle. »
En pronuncentpronunçant ma derniere parolle
IeJe voys auantavant., luy treshumainement
Me faict reuceilrecueil :, et d’honneur largement
125Et enuersenvers moy tant se voulut besser
Qu’il me permist :, et souffrit s’embrasser.
Quoy embrasser : ? nonNon pas vneune foys seulle
Mais bien cĩqcinq cẽscens. « Plus ne fault q̄que me deulle
DoresnauantDoresnavant monsieur (encores ditz),
f. 4 r°
130Puis que ieje peulx te departir mes ditz
Et te tenir en si plaisant repaire
Pour te compter comme aà mon propre frere
Le grant malheur qui sans cesser me mort
Depuis le temps que dessus terre es mort.
135Ha pleust aà dieu que tu fusse pourueupourveu
De vie au monde ainsi que ieje t’ay veu !
AÀ tout le moins si ie j’y doys retourner
On verroit bien des choses se tourner
Et deuenirdevenir aultres qu’on ne les veoit.
140Dieu ne veulx pas :, lequel aà tout pouruoitpourvoit,
IJ’en suis dolant trop plus qu’aulcun viuantvivant
Car si viuoysvivoys :, pas ne seroit suyuantsuyvant
Malheur mon corps de si presprès : ne si fort
Car contre luy ij’auroys ton reconfort
145Comme ij’ay eu au tẽpstemps de mes ieunesjeunes ans
Lors que mon pere :, et mes prochains parẽsparens
AuecquesAvecques toy me mirent ouoù ieje fuz
IusquesJusques aà tant. qu’en ce combat confuz
(Confuz ieje ditz pour la confusion
150Qui en suruintsurvint aà notre nation)
Fusses priueprivé de biens/, et de la vie
DeuantDevant la ville/, et citecité de pauiePavie.
Depuis ce temps ij’ay eu quelque soulage,
Mais bien petit :. Si auoysavoys le couraige
f. 4 v°
155De m’escouter :, ieje le te conteroye.
Long il seroit :, dont ieje te cuyderoye
Donner ennuy :. aussiAussi le lieu ouoù sommes
Ne doibt ouyr les griefz ennuytz des hõmeshommes,
Qui causera aà mon dire fin mettre.
160IeJe te requiers touteffoys me permettre
Dire ce mot. Qu’affollay ieje me vois
Si en mon corps pour reuiurerevivre ieje vois
Sans que tu viẽnevienne :, ou qu’il te plaise escripre
AÀ quelque amy : qu’il chasse mon martire,
165En ta faueurfaveur m’ostant hors de l’oppresse
Que tous les ioursjours ij’endure par pouressepovresse. »
IJ’usseeusse plus dict :, et auecquesavecques mes termes
Eusse gettegetté plus de dix mille larmes
Que ieje ne fiz, n’eust esteesté que son pere
170Qui de faconfaçon sembloit vngung dieu supere
Interrumpit aà ces motz mon parler.
« En t’escoutant ij’ay cessecessé mon aller
Et ton pleurer :, et regretz pitoyables
Ont piedz et corps renduz tous immuables.
175Ditz moy ton nõnom. — Ha seigneur triũphanttriumphant,
IeJe suis l’esperit du malheureux enfant
Que d’ytalieYtalie (ouoù estoit ta personne
En grans honeurs) enuoyasenvoyas aà Sagonne
Pour prendre vie auecquesavecques ton chier filz
f. 5 r°
180Que legitime :, et moy bastard tu filz,
Lequel a eu de biens me faire enuieenvie
Tant que Cloto a prolongeprolongé sa vie.
Mais tost apresaprès que mort le vint ferir
IeJe n’ay trouuetrouvé qui voulust secourir
185Moy delaissedelaissé :, moy orphelin de frere,
De tous parens :, et mesmement de pere,
Fors vneune seur : qu’as encores au monde,
Sur toute dame honneste/, bonne/, et munde,
Qui est maistresse/, et dame de lignieresLignieres,
190De qui trop plus on prise les manieres
(OuOù vngung seul brain de reproche n’y a)
Qu’on ne faict la muse Polimnia.
Celle me fut mecene pour vngung temps
Dont furẽtfurent maintz d’assez plus mal contẽpscontemps
195Qui ont tachetaché :, quoy tahcetaché ? maisMais ont faict
Que d’elle fuz totallement deffaict
Et mis ailleurs pour ma pasture auoiravoir,
OuOù de seruirservir fiz plus que mon debuoirdebvoir
Et iusque jusqu’aà tãttant qu’amours saisist mon ame
200D’une que ij’ay depuis prinse pour femme
Et auecqavecq qui ay demeuredemeuré tousiourstousjours
IusquesJusques au temps qu’elle fina ses ioursjours
En grant pitiepitié :, et malheureusement
Bien tost apresaprès le sien trespassement
f. 5 v°
205Vins aà Paris ville aà chascun commune
Pour oublyer si dollante fortune,
Mais la fortune assez fut pour moy malle
Car en cuydant me garder de la palle
Dedans le feu ieje tombay aà l’enuersenvers,
210OuOù ij’enduray des tourmens bien diuersdivers,
C’est qu’apresaprès veu ma fẽmefemme en terre mettre
Que ij’aymois plꝰplus que chose qui puisse estre
Et mon enfant en grant douleur amere
Mort estendu tout le long de sa mere
215Que mort alla mortellement touchant
Lors que sa mere en estoit acouchant.
Malheur non seul auquel ne suffisoit
M’auoiravoir priueprivé de ce qui me duisoit
Tant au plaisir de l’ame que du corps,
220Mal tout nouueaunouveau (helas ij’en suis recors)
Me procura :, comme de coustume a
Car dessus moy vngung brandon alluma
EntremesleEntremeslé d’ung dangereulx tyson
Qui me fist mettre en cruelle prison
225OuOù ij’ay esteesté six moys entierement
Ayant douleur/, et peine largement
Sans que personne eust de mon mal pitiepitié.
Leans dedans ne trouuaytrouvay amytieamytié
Qui me voulust son ayde prester
f. 6 r°
230Fors vngung amy : qui voulut s’aprester.
De faict pour moy tellement s’apresta
Qu’apresaprès six moys de prison il m’osta.
Doncques apresaprès auoiravoir la porte ouuerteouverte
Et liberteliberté perdue recouuerterecouverte,
235Pour vngung plaisir (OÔ que ij’ay de malheurs),
IJ’ay recouuertrecouvert plus de deux cens douleurs.
Plaisir me fut de n’estre plus en caige
OuOù ieje perdois entendement/, et aage :,
Mais grant douleur d’aucun party n’auoitavoit
240Et sans amys/, et sans argent me voit
N’esse douleur ? Si est certainement.
Estre priueprivé (ieje ditz) entierement
Par pouretepovreté des bonnes compaignies
Ne sont ce pas des douleurs infinyes ?
245Certes ouy. Estre nud comme vngung vert,
N’auoiravoir de quoy me bouter aà couuertcouvert,
Estre banny de seigneurs honnorables,
Ne sont ce pas malheurs trespitoyables ?
Certes ouy. Estre sans foing/, et paille
250Et ne chercher fors vngung coing de muraille
Pour se cacher comme vngung pourepovre coquin
N’esse tristesse aà vngung riche tarquinTarquin ?
Certes ouy. Doncques ieje n’ay mal dit
Que pour vngung bien :, que bon heur me rẽditrendit
f. 6 v°
255Que peu apresaprès/, et bien tost les malheurs
M’en ont rendu plus de deux cent douleurs.
DeliureDelivré fuz d’une prison rebelle
Pour en vneune aultre entrer plus que cruelle,
DeliureDelivré fuz d’une prison facheuse
260Pour estre mis en vneune plus que qu’hydeuse,
DeliureDelivré fuz d’une amere prison
Pour estre mis en vngung lac de poyson.
Scez tu comment : ieje sortiz Chastellet,
Place puante/, et chasteau assez lait ?
265Ha pleust aà dieu que la mort m’eust lalà prins,
Mon corps ne fust en l’abisme comprins
De pouretepovreté :, ouoù des maulx maintenant
Plus que ne peulx souffrir :, vois soutenant,
OuOù tout chagrin/, &et tout tourment m’opresse
270Mille foys plus qu’en la premiere presse
De ma prison/, ouoù deuantdevant estois mis.
Encores si ieje trouuoistrouvois des amys
Qui tant d’amour/, et de bien me portassent
Que de ce lieu en brief temps me tirassent
275Comme de l’autre/, alors le mien douloir
Mettre vouldroys du tout aà nonchalloir
Sans que iamaisjamais ieje cessasse en ma vie
De le seruirservir cil qui auroit enuieenvie
De me tirer de ce lac d’indigence
f. 7 r°
280OuOù tous malheurs prennẽtprennent sur moy rigueur,
IJ’entẽdsentends sur moy :, quant en mõmon corps ieje suis.
Mais maintenãtmaintenant meilleur biẽbien ne poursuis
Que celuy lalà :, dont ij’ay fruition
AuecquesAvecques vous en ce lieu de Syon.
285IeJe me contente : et ne veulx dauantaigedavantaige
Tant que seray en ce lieu de soullage.
OÔ si les dieux me vouloient rellier
AuecqAvecq mon corps :, ieje les vouldroys prier
Plutost beaucoup en enfer me cacher
290Que retourner :, pour reuiurerevivre en ma chair
Dessus la terre :, ouoù ieje ne quiers aà estre
Pour les trauaulxtravaulx que lalà ieje peu congnoistre.
IeJe te compte du hault iusquesjusques au bas
De mes ennuytz aussi de mes esbatz
295Et si tu veulx des deux faire partie
Tu trouuerastrouveras d’ennuytz plus grand partie
Que de plaisirs : mais aà deux cent foys plus
Le principe as/, la fin/, et le surplus,
IeJe t’ay tout dit :, le bien :, et l’impropere
300Comme le filz dire le doit au pere
Sans te cacher vneune once seullement
De mes malheurs et de mon portement
Depuis le temps que gist dessoubz la lame
Georges ton filz dont icy ieje voy l’ame ».
305AÀ mon compter dolent et pitoyable,
L’esprit heureulx de ce seigneur notable
Qui fut grant maistre &et admiral en France
Monstra tresbien qu’il auoitavoit desplaisance
Des gros trauaulxtravaulx que soutenuz ij’auoysavoys
310Car sur sa face/, et visaige ieje voys
Larmes courir :, et degouster des yeulx
Si qu’il en fut mouillemouillé en plusieurs lieux.
AÀ son exemple autant faire ij’en viz
Au bon legat :, et aà son aisneaisné filz
315Et aà cinq cens espritz qui lalà estoient
Et qui mes maulx/, et ennuytz escoutoient,
Si que la terre en ce lieu toute verte
De larmes fut :, et de leurs pleurs couuertecouverte
Contre l’effect de sa propre nature
320Car si douleur vient lalà :, c’est aduentureadventure,
Dueil on n’y veoit :, mal on n’y peult sentir
Si de pitiepitié on ne le voit sortir
Comme aà presẽtpresent on pouoitpovoit veoir pour moy
ApresAprès auoiravoir escouteescouté mon esmoy.
325Doncques pleurant &et comme se conturbe
De mes malheurs ceste piteuse turbe,
Le bon seigneur qui fut charlesCharles nommenommé
Par ses vertus au monde renommerenommé
Plus que ne fut hannibalHannibal de cartaigeCartaige
f. 8 r°
330Par sa sagesse :, et tresgentil couraige
Gette son bras bien legier :, et puissant
Tout alentour de moy : en m’embrassentembrassant :
« Tu soys (dist il) le plus que bien venu
Mon cher enfant :, que ij’ay petit congnu
335Estant au monde heureusement felice.
Tu ne scauoissçavois que c’estoit de mallice
Que c’estoit bien :, quant la mort gros &et gras
Me vint saisir estant dedans viegrasViegras
OuOù de mon corps la vie separa,
340Et tant mon sens lors elle mem’esgara
Que sans penser aulcun bien te laisser
D’ung heur en l’autre on me vit trespasser.
IeJe touteffoys auoysavoys aulcunement
Dedans Meillant donnedonné commandement,
345Faisant despart de mon vnicqueunicque espouse
Que si affaire auoysavoys de quelque chouse
Qu’elle te fust donneedonnée incontinent
Et mesmement le ditz au lieutenant
Homme prudent :, mais terriblement cault
350Qui se nommoit lors maistre iehanJehan libaultLibault
Duquel l’esprit en ces champs s’esiouystesjouyst.
Il ne fust seul qui l’ordonnance ouyst
Mais bien cinq cens :, esquieulx ditz en effet
Que ieje vouloys que mon dire fust fait.
355Or soit ainsi que ieje m’en fusse alleallé
Sans en auoiravoir aulcunement parleparlé
Si esse bien que tant ieje me fyoye
AÀ mon cher filz :, auecqavecq qui te laissoye,
Que ij’estoys seur : qu’il ne te menqueroit
360Chose que faire :, et donner te pourroit
Comme il a fait (ij’en ay la certitude)
Car il te tint bien six ans aà l’estude
Dedans Paris :, ouoù pour scauantsçavant te rendre
On luy a veu beaucoup d’argent despendre,
365Et si la mort ne l’eust desauancedesavancé
IeJe croy qu’il t’eust de grans biens auanceavancé
Veu quiqu’il t’aymoit plus qu’aultre creature
Tant pour le sang :, que pour la nourriture
Qu’auecquesavecques luy auoysavoys pris de ieunessejeunesse.
370Il est besoing que ce propos ieje laisse
Et que ieje fine., OÔ mon filz, le parler
Pour vneune foys encores t’acoller
Et t’embrasser ores tout aà mon ayse.
En ce disant le bon seigneur me baise
375Et de ses bras il m’embrasse et m’acolle
Si fort :, qu’aà peu qu’en la terre ne volle.
Quant il m’eut bien aà son ayse embrasseembrassé
« GorgesGeorges (dist il) ieje ne fuz oncq lasselassé
D’aymer mõmon sãgsang/, mais pourtãtpourtant qu’ay affaire
f. 9 r°
380IeJe metz du tout entre tes mains ton frere,
Tu le congnois : ieje le te recommande ».
Mon frere lors : « pasPas mieulx ieje ne demãdedemande,
IeJe le recoisreçois monsieur en ma conduyte ».
Ainsi qu’il eut ceste parolle dicte
385Vint vngung esprit de beaultebeaulté nompareille
Qui s’acousta quelque chose en l’aureille
De monseigneur/, et tresreueretresreveré pere ;
IeJe ne scaysçay pas que ce fut :, mais ij’aspere
Que ce n’estoit seullement qu’il luy dist
390Que quelque peu de ses parens s’enquist
ViuansVivans encor en la mondaine loy
Car tout soubdain il s’en reuintrevint vers moy,
Me demanda quelle chere faisoient
Ses deux cousins : qui iacquesJacques se disoient,
395L’ung de Rouen l’arceuesquearcevesque gentil,
Gentil de meurs/, et de faitz (tel est il)
Soubz qui normansNormans font entierement ioujou.
L’aultre c’estoit le seigneur d’aubiiouAubijou
Qui porte seul par chasteaux/, &et par plaines
400En ce temps cy les armes toutes plaines
De ceulx d’amboyseAmboyse :, et le nom renommeerenommé
Fors son cousin l’arceuesquearcevesque nommenommé.
De ces deux cy il me fist longue enqueste
Mais ieje ne peulx satiffaire aà sa queste
f. 9 v°
405Car sur ma foy ieje ne scauoyssçavoys comment
Estoit leur port :, et principallement
De celuy lalà qui Dd’aubiiouAubijou s’appelle
Dont ne scauoyssçavoys aulcunement nouuellenouvelle.
Il y auoitavoit six ans entierement
410Que sceusçeu n’auoysavoys rien de son portement
Et sa santesanté pour lors m’estoit absconse,
Ce fut pourquoy ne luy en fiz responce.
De l’arceuesquearcevesque, et seigneur de Rouen
Luy ditz « monsieur il nyan’y a pas vngung an
415Que ieje l’ay veu en tresnoble equipaige
Tressain de corps :, et ioyeulxjoyeulx en couraige
Dedans vngung fort : qu’on appelle Boulongne
Lors qu’on traictoit ne scaysçay quelle besongne
Qui se deuoitdevoit publier en la terre,
420Ce fut quant franceFrance auecquesavecques angleterreAngleterre
RenforcaRenforça paix :, et qu’en brauesbraves arroys
VindrẽtVindrent eulx veoir deux les plꝰplus puissãspuissans roys
Que maintenant dessus la terre on prise
AupresAuprès d’ung lieu :, qu’on appelle Marquise
425OuOù descenduz par accord tresdiuintresdivin
Prindrent ensemble humainement leur vin
Que leur dõnadonna mõseigneurmonseigneur le grãtgrant maistre
AuecquesAvecques vngung que ieje puis bien congnoistre
Car sa maison ne me fut onc estrange
f. 10 r°
430C’est monseigneur/, le seigneur de Florenge.
Dedans Boulongne au venir de ce lieu
Estant ces roys (ainsi qu’il pleut aà dieu)
Tresbons amys :, ieje viz assez souuentsouvent
Tenir maison l’arceuesquearcevesque scauantsçavant
435AÀ tous venans :, et de iourjour/, et de nuyt
Dont il acquist d’ung chascun tresgrãdtresgrand bruyt,
C’est ce que puis maintenant en scauoirsçavoir. »
Quant ij’euz parleparlé, il se mist en deuoirdevoir
De demander quelles estoient les cheres
440Et la santesanté de sa seur de Lignieres
Comme en bonpoint :, et en quelle liesse
Ores estoit sa tresbonne niepce
De barbezieuxBarbezieux :, et puis s’est adressay
De s’enquerir de monsieur de Rissay
445VngUng sien nepueunepveu/, aà cause d’une seur
Du nom de qui ieje ne suis gueres seur.
Puis tout soubdain sãssans q̄que sõson propos chãgechange
De sa niepce :, or dame de florengeFlorenge
Et de ses seurs de la Roche/, et de Roye
450IeJe luy en ditz tout ce :, que ij’en scauoyesçavoye
Sans luy sceller les biens/, et les vertus
Dont sont leurs corps/, embelliz/, et vestuz.
ApresAprès auoiravoir respondu aà son dire
Comme ieje peulx/, et que le scauoyssçavoys dire,
f. 10 v°
455Son nepueunepveu prend son cardinal humain
Par soubz le bras de sa legere main
Et en riant faisant caresse ouuerteouverte
AuecquesAvecques luy par dessus l’herbe verte
Va deuisantdevisant :, ne scaysçay de quelz propos
460Quant aux esperitz : qui faisoyent lalà repos.
Les vngsungs s’en vont lutter/, aultres s’esbatre
deuxDeux ᶗtrecontre deux/, trois aà trois/, quatre aà quatre.
Alors soubdain le seigneur de chaulmontChaulmont
(Qui me tenoit) me mena sus vngung mont
465Dont ieje pouoyspovoys veoir par toute la plaine
Entierement de sainctes ames plaine
QuãtQuant fusmes lalà :, soudaĩsoudain noꝰnous noꝰnous couchasmes
Dessus des fleurs/, dont assez en trouuasmestrouvasmes
Tenans propos des lieux ouoù nous estions
470Et comme ainsi tous seulx nous esbations
Vismes courir en triumphante brague
AÀ maintz espritz la lance en vneune bague
Armez par tout des piedz iusq̄ jusqu’aux cheueuxcheveux.
Voulant scauoirsçavoir qui estoient ces coureux
475Ditz. : « monseigneur s’il ne t’est desplaisir
IeJe te requiers me compter aà loysir
Qui sont ceux lalà qui courent en ces plains. »
Il me respond. : « ilz sont tous nos affains
Et noz parens :, celuy qui ne s’espargne
f. 11 r°
480Que tu voys lalà sur vngung cheualcheval d’espaigneEspaigne
En son viuantvivant fut seigneur de Bussy
Bon cheualierchevalier sans reproche/, et sans sy
Dont mon cousin de rouenRouen est venu
Et aultres deux :, que tu n’as pas congneu.
485L’autre d’ampresamprès son frere d’aubiiouAubijou
Qui maintz lombarsLombars a mis dessoubz le ioujou
Et le pouoirpovoir de son prince gallique.
Celuy qui marche en traĩtrain si magnifique
Et qui a tant les siennes faconsfaçons baudes
490En son tẽpstemps fut vngung grãtgrant maistre de Rhodes.
Cil qui le suyt sur vngung roussin tant bel
En son viuantvivant fut seigneur de rauelRavel
Qui engendra en madame daulphine
VneUne Lucresse/, et vneune Melusine,
495IJ’entendz Lucresse : vneune fille honnorable
En chastetechasteté :, honneste/, et pitoiable.
Par melusineMelusine vneune aultre belle fille
EnuersEnvers les siens prouffitable et vtilleutille
Discrette/, belle/, et plus que vertueuse.
500De la premiere en ceste terre heureuse
Se tient l’esprit :, et celle fut espouse
D’ung de thurenneThurenne :, ores qui se repose
En ces chãpschamps cy :, aupresauprès de ses deux fẽmesfemmes
Qui ꝑpour leurs meurs ont acq̃sacquis grãdesgrandes fames.
505L’autre encor est au monde florissante
Riche/, en bon point/, belle/, saine/, et puissãtepuissante
Tant pour ses biens/, dont elle a vngung milier
Que pour l’honneur d’ung gentil cheualierchevalier
Qui maintenant est priseprisé en maintz lieux
510C’est mon cousin : Monsieur de barbezieuxBarbezieux,
Unicque espoux de ceste ma cousine.
Oultre ieje passe :, affin qu’en brief ieje fine.
Celluy qui a son harnoys si fort net
Qui faict saulter/, et volter ce genet
515Fut gouuerneurgouverneur de toute la bourgongneBourgongne
Et acheuaacheva mainte haulte besongne
Durant sa vie auecquesavecques lotz suppere,
Il fut des troys que ieje t’ay dit le pere.
Celluy qui court maintenãtmaintenant en l’anneau
520Scez tu qui c’est : ? IeJe croy qu’il t’est nouueaunouveau,
Tu ne l’as veu : quant il estoit en vie,
C’est celluy lalà : dont l’ame fut ravie
Près de Millan :, ainsi comme ieje croys
En ce combat du iourjour de saincteSaincte croixCroix
525Qui eut au corps/, aux iãbesjambes/, et aux cuisses
Vingt et deux coups ꝑpar les mains des Souisses,
Vingt et deux coups :, ieje te ditz tous mortelz,
On n’en veoit poĩtpoint maintenãtmaintenant de mors telz,
Ce fut le filz du seigneur de bussyBussy
f. 12 r°
530Le plus aisné :, que ij’ay nommenommé icy
Pourtant qu’il fut espoux de corps et d’ame
De ma cousine ores maistresse/, et dame
De barbezieuxBarbezieux :, de laquelle eut deux filles
Bonnes de meurs/, honnestes/, et vtillesutilles.
535L’une ce fut Geoifraise de bussyBussy
Qui a vescu entierement sans si
Autant ou plus que fille de ce monde,
Elle mourut tresieunetresjeune aà comberondeComberonde
TresieuneTresjeune d’ans n’en ayant plus desayse
540Mais d̃dans ses meurs veille (ne luy desplaise)
Autant que fut hortenseHortense la rommaine
D’elle l’esprit aà present se pourmaine
En ces doulx chãpschamps :, auecquesavecques noz parentes
Qui de la veoir ne sont vngung brain dolentes.
545L’autre ce fut madame de sainctSainct georgeGeorge,
Belle surtout d’estomac et de gorge,
Or marieemariée (au moins se ieje ne resueresve)
AÀ vngung des hoirs de clermontClermont de laudesueLaudesve,
Tu la congnois : ; parquoy plus oultre vois
550En poursuyuantpoursuyvant ma precedente voix.
Celluy qui veult aà present faire course
Sortit iadisjadis de ceste mesmes source
Et fut son frere :, et mon cousin germain
Lequel mourut par espaignoille main
f. 12 v°
555DeuantDevant pauiePavie ainsi comme ieje fiz.
Cestuy est mort n’ayant fille ne filz
AuecquesAvecques moy/, en trespiteux arroy
En ce lieu lalà : ouoù fut pris nostre roy
Qui se monstra vngung CesarCesar triumphant.
560Regarde la :, et voy ce ieunejeune enfant
Qui se pourmaine en ce gracieulx val
Sur ce puissant/, et courageulx cheualcheval,
Cest tu qui c’est. ? C’est le conte de Braine
Qui pour s’esbatre aà present se pourmaine
565Las du iourjour d’hier :, ouoù vingt lances brisa.
Ces troys que voys que ce bel herbiz a
(Il les me monstre) et qui iouentjouent au glic
C’est vngung euesqueevesque en son viuantvivant d’albicAlbic
Et l’autre qui aà le veoir te semond
570C’est le begnin euesqueevesque de clermontClermont,
Le tiers d’empresemprès c’est l’abbeabbé de Clugny
Qui fut iadisjadis de vertus tant muny
Que pourroit estre aulcun hõmehomme en ce iourjour.
Ces blancs espritz qui sont lalà en ce iourjour
575Assez presprès d’eulx :, ce sont meres abesses
Qui ont laisselaissé le monde/, et ses richesses
Pour seruirservir dieu en cloistre renformerenformé
Aucunes seurs de ceulx que ij’ay nommenommé
Tantes :, et puis les aultres leurs cousines,
f. 13 r°
580Les autres sont leurs niepces affines
Au temps passepassé tressainctes en leur viurevivre. »
De tous ceulx cy son regard il deliuredelivre
En me disant/ : « Voy tu en celle chere
VngUng cheualierchevalier si ioyeulxjoyeulx en sa chere
585Qui a son port et faconsfaçons si pompeuses
Autour duquel sont tant dames heureuses
Qui plus de bien au monde que de vice
Firent iadisjadis :, or qui luy font seruiceservice
Car ainsi plaist au dieu altitonant.
590Celluy pour vray que te ditz maintenãtmaintenant
Ha que ce fut vngung gentil cheualierchevalier
En son viuantvivant qui valut vngung millier
De scipionsScipions/, d’herculesHercules/, et Cesars,
Ce fut celluy qui n’eut peur des azars
595Qu’õon peult trouuertrouver en chasteaux ou en plaĩeplaine,
Ce fut la source/, et l’heureuse fontaine
Dont sont sortiz tous ceulx deuantdevant nommez
Par le climat si tresfort renommez
Comme l’on scet. C’est le parfaict lierre
600Qu’on appella iadisjadis messire Pierre
Vivier heureulx :, et racine courtoyse
De la maison/, et des enfans d’amboyseAmboyse. »
Plus m’en eust dict :, et comptecompté largement
Se n’eust esteesté qu’oysmes haultement
f. 13 v°
605Sonner vngung cor dont les plains retantirent,
Incontinent tous ceulx qui l’entendirent
Tirent vers luy en laissant leurs esbatz
Les vngsungs par mont :, et les aultres par batz
IeJe voys aller :, dont fort ieje m’esbahis.
610Lors tout soubdain mon esprit ij’entrouisentr’ouis
Treshaultement par son nom appeler
ApresAprès ieje voy mon frere s’en aller
Sans dire a dieuadieu : dont ieje ne fuz point ayse.
IeJe cours apresaprès :, le priant qu’il luy plaise
615Parler aà moy deuantdevant son partement,
Il me respond : « ieje ne puis longuement
Parler aà toy, car aller m’en conuientconvient
Soubdainement. au lieu dont ce son vient
Pource que iaja iupiterJupiter/, et les dieux
620Se veullẽtveullent seoir :, et boire aà q̃qui mieulx mieulx
De ce Nectar le celeste bruuaigebruvaige
Encores plus ieje te ditz dauantaigedavantaige
Que tous espritz qui sont en ce repaire
Fault aller lalà seruirservir le dieu suppere
625IusquesJusques aà tant que de nette ambrosie
Sa table soit ramplie et resaisie,
Quant est aà toy :, il t’en fault retourner
Comme ieje voys., car ieje te oy sonner
Tout maintenant par le portier celeste. »
630IeJe iurejure lors :, et par le ciel proteste
Que pour menasse :, ou pour chose qu’on dye
Que ne lairroys iamaisjamais sa compaignie.
Lors ieje me mis apresaprès luy en la voye
Mais tout ainsi qu’auecquesavecques luy ij’aloye
635Vient vngung esprit :, qui sans plus enquester
Me dist. : « Amy vueille toy contenter
De ce que dieu IupiterJupiter nostre maistre
T’a tant permis de ces lieux cy congnoistre
OuOù peu d’espritz adressent leur chemin
640S’ilz n’ont laisselaissé du tout leur corps humain,
Il est besoing que tu sortes d’icy.
— Las (ieje responds) ieje te requiers mercy,
Ne me remetz en mon corps miserable ».
Luy. : « IeJe ne puis t’estre en rien fauorablefavorable,
645Faire me fault ce qui m’est commandecommandé
Car tout expresexprès il m’a esteesté mandemandé
Te ramener en ton corps pour reuiurerevivre,
Il m’est besoing mon commandement suyuresuyvre
Si ieje ne veulx estre priueprivé des cieulx,
650Viens auecqavecq moy :, c’est le vouloir des dieulx,
Rien ne te vault le longuement prescher,
Suis moy acoup :, il fault te despecher ».
Alors voyant qu’il me failloit sortir
Ditz aà mon frere. : « AuantAvant que de partir
f. 14 v°
655IeJe te requiers puis qu’il fault retorner
Dedans mon corps :, que deuantdevant que torner
LaLà mon chemin :, que tu me die a dieuadieu
D’ung ambrasser au partir de ce lieu
Et qu’il te plaise aà vngung de tes parens,
660IeJe ditz de ceulx :, qui sont plus apparens,
Escripre vngung mot :, qu’ilz facent leur debuoirdebvoir
En ta faueurfaveur :, d’ainsi me recepuoirrecepvoir
Comme feroys aucun de leurs amys.
— IeJe le veulx bien » (dist il), lors il s’est mis
665Incontinent aà forger vneune lettre
Qu’il me monstra :, deuantdevant que de la mettre
Au dernier ply :, pour veoir s’elle estoit bien
Et s’il auoitavoit en icelle obmis rien.
IeJe la perilzperliz puis il la cacheta
670De son cachet :, et dessus y bouta
« AÀ mon cousin le seigneur de Rouen ».
Son escript pris :, sur vngung cheualcheval rouen
Qu’ung sien lasquetz amenay lalà luy eut
Soubdainement de moy se disparut
675Mais ce ne fut deuantdevant que m’embrasser
Et dire a dieuadieu :, en ce piteux laisser
Gettant des yeulx lhermes habondammẽthabondamment
Comme celluy :, qui m’aymoit fermement.
Quant party fut de la mienne presence
f. 15 r°
680On me met hors de ce lieu de plaisance
Et en mon corps celluy qui m’en osta
Comme deuantdevant ij’estoys me rebouta.