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Comme est amours :, et de ses faconsfaçons
En quelque rue vngung iourjour m’alloye fachãtfachant,
OuOù viz Venus :, qui s’en alloit cerchant
Son filz amours : ; elle me le demande,
IeJe luy respondz. : « maMa dame que ij’entende
5Comment il est :, et de quelle faconfaçon. »
Elle me dist. : « ceCe n’est qqu’ung enfanconenfançon
Audacieulx/, importun/, et legier,
Le plus souuentsouvent flateur/, et mensongier
Qui va/, qui vient/, ainsi comme le vent,
10Ores derriere/, et puis apresaprès deuantdevant ;
Oultre si mieulx le congnoistre tu veulx,
Plus que fin or sont iaulnesjaulnes ses cheueulxcheveulx,
Et si veulx bien que tout le monde sache
Qu’on ne veoit point en son corps vneune tache,
15Sa couleur semble aà vngung feu :, ses deux yeulx
AÀ vneune flamme :, et bruslent beaucoup mieulx ;
Il va tout nud : et n’a point vngung brain de hõtehonte ;
De sa senestre vngung puissant arc il dompte
Et de sa dextre vneune saiettesajette il tient,
20Et vngung carquoys sur son bras il soubtient ;
f. 56 v°
Il ne pardonne ou espargne personne,
Maintenant l’ung d’une flesche il estonne,
Maintenant l’autre il meurtrit/, ou le blesse,
Ce qu’il rencontre il met aà la renverse ;
25Les dieux surmonte :, et les deesses aussi,
Armes il porte :, et feu meslemeslé ainsi
Qu’ilz bruslent tout :, et meurtrissent ensẽbleensemble ;
Et lors que doulx/, et gracieulx il semble,
C’est quant il trompe/, et qu’il faict trahyson,
30Et n’est viuantvivant qui fuyr sa poyson
Ayt le pouoirpovoir :, ny ses fillets tenduz ;
Que ses baisers ne te soient point renduz,
Car soubz sa leurelevre vngung gros venin repose ;
IeJe ne t’en dis pour ceste heure aultre chose
35Sinon qu’il est vngung prodigue d’esbatz. »
AÀ cestuy mot riant luy ditz tout bas :
« Il n’est pas loing, ieje te prometz mon ame,
De moy ton filz : scez tu comment, madame ?
Depuis vngung moys en mon corps s’est rendu
40Et a de faict ses deux aisles perdu,
Et dauentaigedaventaige il est si fort boyteux
Qu’il n’a iamaisjamais sceusçeu/, ou peu me laisser ;
IeJe ne scaysçay pas qui l’a voulu blesser
Mais de son mal ieje suis assez honteulx. »